Confinement à Makabana : On est foutus, on ne mange maintenant plus que les oiseaux.
Alors que le confinement lié à la crise du Coronavirus doit durer jusqu’au 15 mai prochain, des habitants de la ville de Makabana (sud) se disent « foutus pour foutus », et on ne mange presque plus… ! Le confinement est une situation totalement inédite. Et le plan B reste désormais la chasse à l’ortolan, ce petit passereau prisé par certains gastronomes du département du Niari (sud). Il fait courir un risque important à la survie de l’espèce à Makabana alors que le milieu naturel de cet oiseau est menacé par le dérèglement climatique et l’urbanisation qui détruit son habitat.
Depuis le début de la première phase du confinement, des jeunes de Makabana chassent de manière irrépressible les ortolans pour le revenu et pour la nourriture. Cette chasse commerciale n’est probablement pas viable, mais apporte une grande partie des revenus des familles et des jeunes étranglés par le chômage.
Aucune mesure n’est prise par le code de l’environnement au Congo afin d’enrayer la disparition de cet oiseau migrateur classé comme espèce en danger sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la conservation de la nature.
Mets prisé notamment par les habitants de Makabana et de ses environs, l’ortolan, qui est engraissé quelques semaines, noyé dans l’huile végétale puis cuisiné, est plébiscité par les gourmets qui perpétuent cette tradition culinaire dans la ville de Pierre-Simon Kikhounga-Ngot, homme politique congolais, syndicaliste, conseiller territorial, député et plusieurs fois ministre, mort le 8 avril 2015 (à 93 ans) à Paris en France.
L’alimentation ne révèle-t-elle pas une forme d’inégalité sociale ?
Dans la période que nous traversons, il y a en tout cas une vraie dimension socio-économique qui va faire la différence.
Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne sur le plan psychologique, sur le plan même des achats de nourriture.
L’isolement social, là aussi, a des conséquences.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville